Petite réaction à la lecture du poème d’Isabelle Cros…
« Le discours rompt π » conclut le poème d’Isabelle Cros
Surprise !
N’est-ce pas le nombre transcendant
Qui suspend le discours
L’épuise, le tarit
Faute de pouvoir le dire ?
A vouloir pousser à bout
Ce pi que nulle langue ne sait traire
Le langage trouve sa butée.
Réelle.
Car il fait rapport lui,
Ce π,
De tous temps
Dans le monde parfait
De la géométrie euclidienne
Où le parlant doit se contorsionner pour trouver où loger.
« Rapport de la circonférence du cercle à son diamètre »
dit le dictionnaire
Ce grand autre portable qui se promet de répondre
Mais ne sort pas de ses pages.
Il le dit même irrationnel,
Et c’est de l’être probablement,
qu’il n’a de cesse,
Ce π,
d’échapper au sens
refusant à s’y laisser happer
de s’y trouver réduit
de se faire prendre par une langue
qui n’est pas la sienne,
Cette langue trompeuse
Qui condamne ceux qui en sont marqués
Ceux qui ont cédé à son appel,
à l’errance insignifiante
qui est le lot des sans-noms
courants derrière ce pi obscène
dans sa complétude
Comme après une image π-euse.
Pascal Garrioux