« …Tout le monde est fou, c’est à dire délirant » ( J. Lacan, Lacan pour Vincennes).
Intervention de Vandine Taillandier, psychanalyste à Morlaix.
Argument de l’année :
Freud part des « fantaisies (1)», ou rêves diurnes, pour approcher la structure du fantasme originaire où se lit la configuration œdipienne. Après avoir abandonné sa théorie de la séduction, Freud questionne l’existence d’une réalité psychique. Le principe du plaisir et le principe de la réalité sont déterminants pour la construction d’un parlant dans son rapport au langage et à l’autre – Autre.
Le fantasme trouve son origine dans une satisfaction hallucinatoire, le bébé reproduisant sous une forme hallucinée, en l’absence de l’objet réel, l’expérience de satisfaction originelle. L’hallucination prend une valeur de réalité déterminante dans le psychisme. Le fantasme répond à une exigence de représentation chez l’être humain, fiction de l’origine, de la sexualité, de la différence des sexes, l’origine du sujet lui-même. Mais le fantasme fixe le sujet à une place, à une position qui organise son rapport à l’Autre, aux autres, à sa jouissance et à la jouissance de l’Autre dont il cherche à se protéger.
Pour Freud et Lacan, la réalité est celle de la constitution du sujet et de son désir inconscient en tant qu’il est déterminé par le langage. D’être soumis au langage, et au sexe, le sujet perd une part de vie, une soustraction de jouissance : « la seule réalité de la perte qui le constitue (2)» . La réalité est donc composée de constructions venant
masquer et faire écran au réel que le sujet ne veut pas savoir. Alors quel est ce concept nouveau élaboré par Lacan lisant Freud, le réel ?
A partir de textes de Freud, nous allons chercher sa conception de la réalité psychique et de la structure du fantasme. En partant du texte « un enfant est battu (3)» nous approcherons ensuite les avancées de
Lacan avec l’objet a comme cadre de la réalité du sujet divisé par le langage, jusqu’à l’assertion lacanienne : « on ne fait que rêver sa vie, tout le monde est fou, c’est-à-dire délirant (4)».
Il faudra donc différencier comment un sujet répond à la perte de la réalité par une construction singulière, en y substituant une autre : fantasme ? délire ? avec des modalités différentes selon la structure du sujet, névrose, psychose ou perversion.
Le sujet en analyse a à découvrir son aliénation dans « le fantasme comme moteur de la réalité psychique (5)». Ce qui nécessite une position éthique du psychanalyste face au transfert comme mise en acte de la réalité inconsciente.
Brigitte Bazin
(1) FREUD S., L’interprétation du rêve, Oeuvres complètes, Volume
4, PUF, 2004, p. 542.
(2) LACAN J., Le Séminaire, livre XI, Les quatre concepts
fondamentaux de la psychanalyse, Paris, Seuil, 1973.
(3) FREUD S., « Un enfant est battu », Névrose, psychose et
perversion, Paris, PUF, 1973, p. 219-243.
(4) LACAN J., Lacan pour Vincennes, Ornicar ?, n°17/18, 1979, p.
278.
(5) FREUD S., « La perte de la réalité dans la névrose et dans la
psychose », Névrose, psychose et perversion, Paris, PUF, 1997,p. 299.
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- Date(s) : 06/04/2024
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