Lors de la création des Éditions du Champ lacanien, en mars 2000, par Louis et Colette Soler, les éditions avaient été présentées ainsi :
« Les Éditions du Champ lacanien trouvent leur raison d’être dans la situation de l’édition en général, et spécialement de celle qui concerne l’actualité de la psychanalyse. L’état actuel des choses laisse subsister un vide certain entre, d’un côté, la grande distribution de textes de vulgarisation et, de l’autre, les publications associatives quasi confidentielles, réservées aux professionnels de la discipline, tandis que l’on attend encore une grande édition des Œuvres complètes de Freud, homologue de la Standard Edition en anglais, et la parution de l’intégrale des Séminaires de Jacques Lacan.
Dans les années soixante-dix, Lacan introduisait sa revue Scilicet sous le signe d’un « tu peux savoir », adressé au Bachelor concerné. Aujourd’hui encore, il s’agit d’offrir au lecteur plus que de la vulgarisation, et autre chose que les débats médiatiques tellement en vogue : l’accès aux questions actuelles et aux élaborations les plus avancées de la psychanalyse dans ses divers courants. Le Champ lacanien, issu d’une crise dans l’Ecole créée en 1980 à la suite de la dissolution de l’École freudienne de Paris, ne pouvait que poursuivre dans ce sens, et soutenir un : « tu peux savoir » ce que l’on en dit dans le Champ lacanien ».
Vingt ans après le paysage n’est plus le même. La carte des groupes analytiques s’est remaniée avec le temps et le Champ lacanien avec son École internationale des Forums s’est implanté en France et dans le monde entier. La diffusion de la psychanalyse elle-même a changé. Les publications au nom de la psychanalyse ne manquent plus, il y en a tant et tant que l’on ne sait plus où trouver la psychanalyse dans la marée des livres de psychanalystes, et que le mot de Lacan « poubellication » s’en trouve bien confirmé.
Dans ce grand courant qui emporte l’époque, Les éditions Nouvelles du champ lacanien persistent, mais autrement.
Formellement d’abord : ce sont les éditions de l’École de psychanalyse des Forums du Champ lacanien-France. Une orientation y est donc une nouvelle fois affirmée quant à l’institution et à la doctrine psychanalytique.
La raison en est que le rôle des associations analytiques n’est plus le même et que la formation des psychanalystes a changé. « Élève de Lacan » paraissait monnayable en 1970, il le disait lui-même — certains retardataires tentent encore de s’en parer. Mais désormais, psychanalyste, il suffit de prétendre l’être, de le dire sur les réseaux sociaux, pour entrer dans la bulle en expansion du marché du transfert. Dès lors dans cette dérégulation, l’École de psychanalyse qui fut pensée par Lacan comme un lieu de résistance contre le malaise dans la civilisation est aujourd’hui un lieu de résistance contre les impostures diverses — et sans autre garantie que le travail en commun des psychanalystes et psychanalysants sur la psychanalyse même, sa doctrine, sa clinique, ses dispositifs de formation et de garantie et ses rapports avec les autres champs de la culture où le sujet est en question.
Ses éditions mettront en circulation pour ceux qui cherchent un fil rouge dans la Babel des langues ce qui se dépose du travail d’École. En France, mais pas seulement, car la portée de ces éditions est internationale comme l’est l’École de l’Internationale des Forums du Champ lacanien avec ses cinq langues, ses huit zones géographiques et la variété des auteurs qui en proviennent.
L’objectif reste le même : après vingt ans d’études soigneuses dans le fil de l’enseignement de Jacques Lacan, donner à un large public des analyses actualisées sur les éclairages que la psychanalyse apporte au malaise croissant des sujets contemporains. Intellectuels, universitaires, enseignants, écrivains, éducateurs, psychiatres, psychologues, travailleurs sociaux, y sont intéressés autant que les psychanalystes.